Chapitre 5 : Rapports de la mère avec ses parents

« Alors, moi ma mère je la vois toujours, je l’appelle très très très souvent. Mon père, ça fait… 20 ou 22 ans que j’lai pas vu, voilà. Et puis bon, il fait plus parti de ma vie point. » Nous comprenons ici pourquoi le discours de Béatrice était teinté d’une certaine  ambivalence concernant son enfance et le rapport à ses parents. Béatrice nous explique longuement les raisons de la rupture des liens avec son père engendrant une blessure narcissique même si elle tente de mettre une certaine distance.

Dans le discours de Béatrice au sujet de son père, nous voyons bien l’évolution d’une position infantile à une position d’autonomie et d’indépendance face à son père et plus largement à l’histoire de ses parents. Son père s’est séparé de sa mère lorsqu’elle avait 14 ou 15 ans « il a refait sa vie, il s’est remarié ». Béatrice se sent fautive de cette séparation tout en occultant la place de sa mère dans son récit. Est-ce pour la protéger ? : « Ma maman a fait une dépression nerveuse ». Il se trouve que c’est elle qui s’est occupée de sa mère à ce moment là, elle a pris une place importante dans l’histoire. Ensuite,  Béatrice a  « beaucoup culpabilisé » et a « beaucoup été perturbée » de la rupture de ses parents et surtout du départ de son père. Pour se protéger, cette fois, Béatrice utilise un mécanisme de défense qui est la résignation : « j’me suis dit de toute façon c’est sa, c’est sa décision pas la mienne, bin tant pis ». Le terme « perturbée » est important à souligner car Béatrice l’utilise quand elle parle de sa peur de la réaction de Léa face à la révélation du passé d’abandon. Il y a une correspondance faite entre les deux histoires de vie : Béatrice aussi a été abandonnée par son père. La rupture est vécue comme un abandon même s’il a lieu tardivement. Il s’agit d’une expérience difficile qui la rend comparable à celle de son enfant.

Par contre, la relation de Béatrice avec sa propre mère est tout à fait opposée « ma maman c’est… c’est ma confidente, c’est ma copine ». Il est possible de concevoir que le  déséquilibre provoqué du côté du père est contrebalancé par un rapprochement fort à la mère. Nous pouvons entendre cela comme une façon pour Béatrice de se représenter son père face à la blessure narcissique comme le mauvais objet contre le bon (la mère). Cette proximité mère-fille est d’une importance capitale pour Béatrice et cela depuis son enfance. Actuellement, sa mère habitant loin, elles ne communiquent que par téléphone mais se connaissent parfaitement « tout de suite au ton de sa voix, je sais si ça va ou si ça va pas ». A travers cette proximité, on peut également y voir un besoin de protection de Béatrice envers sa mère. De même, en tant que mère, Béatrice souhaite établir un lien similaire avec sa petite fille car «  ».

A suivre…

Anne-Solène Gatzoff, Psychologue Tresses

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