Chapitre 4 : Réveil du vécu infantile de la mère

Interrogée sur sa petite enfance et son enfance, Béatrice se situe d’abord dans sa fratrie « j’ai donc ma sœur ainée et… on s’est pas mal occupé d’elle et puis après comme ma mère travaillait… bin y’avait certaines choses, on avait pas trop le temps pour moi donc bin j’ai appris à les faire toute seule », exprimant par ce trait l’évocation d’une douleur par rapport à sa place de seconde dans la famille. Elle tente ensuite de parer cette souffrance en disant qu’elle « était une petite fille qui se débrouillait pas mal toute seule ». Somme toute, ses souvenirs sont qualifiés d’« assez heureux dans l’ensemble… une stabilité dans le… dans la famille donc, heu, non bien ». Plus loin, Béatrice décrit l’éducation qu’elle a reçue comme étant « assez stricte » notamment au sujet de son père « fallait filer droit… et surtout les filles… on le craignait énormément ». Nous pouvons ici percevoir une alliance fraternelle entre les deux sœurs qui ont été amenées à vivre les mêmes choses.

A la suite, Béatrice continue d’évoquer ses souvenirs d’enfance et une souffrance concernant « une proximité différente » de son père avec sa sœur « c’est la première et je sais pas… Enfin c’est le ressenti que j’ai eu ». Elle explique donc cette différence par sa place dans la fratrie. Béatrice semble se questionner sur ce que son père aurait voulu « j’ai pas choisi ma famille, j’ai pas choisi d’être une fille… s’il préférait un garçon… est-ce que j’étais trop indépendante… ». Nous pouvons nous interroger sur la relation père-fille que ces questionnements ont induit. Béatrice fait d’une de ses qualités de départ (l’indépendance)  un  défaut probable au regard de son père.  En outre,  elle  dit  avoir  eu  « beaucoup d’affection comme tout enfant avec son père ». Cette formulation entraîne une distance relationnelle (« comme tout enfant ») tout en se rapportant une nouvelle fois à la normalité. Nous pouvons voir ici une blessure narcissique qui a empêché Béatrice d’élaborer voire de raisonner : « les interrogations que je… je… n’ai pas du tout analysé, ressenti quand j’étais enfant quoi ».

Irrémédiablement, entre sentiment d’infériorité « pour lui j’étais pas assez intelligente… parce que pour lui j’allais soit pas l’avoir soit aller à l’oral » et sentiment de rivalité avec sa sœur concernant le Baccalauréat « de toute façon je l’ai du premier coup ou pas du tout ! Ma sœur l’avait eu du premier coup donc, heu voilà », c’était une nécessité, pour Béatrice, de faire valoir les étapes de sa vie qu’elle a mené comme des « défis ». Cela rappelle le fait que Béatrice a été jusqu’à frôler la mort deux fois lors de ses tentatives de grossesses. Il nous semble qu’elle peut passer d’une chose à une autre pour continuer d’avancer et toujours tenter d’atteindre le but fixé. Les épreuves ne lui font pas peur.

« Ce qui compte c’est ma mère », la position maternelle est essentielle à ses yeux. A l’égard de Léa, on imagine bien à quel point cette place dans sa famille est vitale. Nous verrons à la suite que Béatrice imagine la relation à sa propre mère comme étant idéale.

Bon week-end et à lundi!

Anne-Solène Gatzoff, Psychologue Tresses

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