Différents bébés dans la tête des mères

Cet article est en prévision du prochain qui reprendra les éléments théoriques ci-dessous.

Image 34L’enfant à venir est pensé par les adultes qui vont devenir ses parents. Toute femme en vient un jour à désirer l’enfant imaginaire, celui des fantasmes préconscients, celui qui est supposé tout accomplir, tout réparer (deuils, solitude, destin, sentiment de perte).

  • L’enfant fantasmatique – « Il s’agit d’un groupe de représentations mentales  principalement inconscientes et que chacun des deux parents s’est forgé tout au long de son histoire, depuis sa plus tendre enfance » (Stein, 1971, cité par Golse, 2004, p 195).
  • L’enfant imaginé – Ce deuxième groupe de représentations mentales est davantage conscient ou pré-conscient, et surtout plus tardif. « Il s’agit au fond des rêveries conscientes et pré-conscientes du couple à propos de l’enfant qu’il projette d’avoir : son sexe, son prénom, son appartenance… » (Golse, 2004, p 196).
  • L’enfant narcissique – C’est l’enfant dépositaire de tous les espoirs et de toutes les attentes des parents. « Il s’agit du « mandat transgénérationnel inconscient » qui incombe aux enfants et qui se révèle parfois lourd à porter » (Lebovici, 1994, cité par Golse, 2004, p 197).
  • L’enfant mythique ou culturel – Chaque époque, chaque société, chaque groupe culturel a ses propres représentations de l’enfance et celles-ci imprègnent le fonctionnement psychique des parents. Les différents progrès technologiques concernant la procréation n’ont fait que renforcer les « différents courants d’évolution qui sous-tendent le mythe de l’enfant parfait » (Golse, 2004, p 198).

Lors de la grossesse ou lors de l’attente d’un enfant, la mère est confrontée à un enfant qu’elle imagine. L’enfant imaginaire est celui qui alimente les rêveries qu’elle peut facilement communiquer à autrui. Deux types de représentations se rattachent à cet enfant imaginaire : les représentations de l’enfant lui-même (couleur des yeux, de la peau, tempérament…) et les représentations d’interaction (fantasmes conscients concernant l’enfant et la mère, l’enfant et le père, l’enfant et les autres). Quant à l’enfant fantasmatique, il est transmis par l’inconscient transgénérationnel. Cet enfant né très tôt dans l’inconscient maternel et dans les conflits infantiles refoulés, notamment ceux de la mère qui, petite fille, à la période des fantasmes œdipiens, voulait un enfant de son père.

A la naissance du bébé comme à l’arrivée de l’enfant adopté, la mère va être confrontée au travail de deuil de l’enfant imaginaire pour rencontrer son bébé « de la réalité », l’adopter avec ses caractéristiques propres, qui sont souvent différentes de celles qui avaient été imaginées. Toute rencontre, quelque soit la manière dont elle se fait, amène un enfant et ses parents à s’adopter mutuellement. Cependant, si la distance entre l’enfant imaginé et l’enfant réel est trop importante, ce travail d’adoption peut s’avérer laborieux voire impossible à réaliser par les parents, si quelqu’un ne les y aide pas.

Anne-Solène Gatzoff, Psychologue Bordeaux

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